MOUNT STEWART UN MUSÉE A CIEL OUVERT

Mount Stewart en Irlande du Nord, Ulster pour les Britanniques, est resté dans ma mémoire le jardin le plus complet qu’il m’ait été donné de rencontrer pendant tant d’années de reportages. Les photos qui illustrent cet article ont été faites en septembre 2012 et je les retrouve avec beaucoup de nostalgie. Certes les arbres les plus grands qui donnent au parc une exquise maturité datent de temps très anciens. Mais l’architecture de la partie qu’on peut nommer « les jardins » et qui font pour la maison un cadre superbe n’a finalement qu’à peine un siècle. Voici quelques éléments pour faire partager mon émotion, donner envie d’une visite et des liens pour accéder à des articles et petits films écrits et fabriqués par d’autres plumes et regards.

IMG_9106

On doit cette création à une femme « inspirée » avec tous les sous-entendus possibles de l’adjectif ! On est allé jusqu’à la nommer Circé, personnage de l’Antiquité, sorcière pour les uns, magicienne pour les autres. Voir lien ci-dessous. C’est Edith, septième marquise de Londonderry que ses nombreux amis politiques avaient fini par nommer « Circe the Sorceress ».

IMG_8942

Lady Edith fut une femme remarquable, qualifiée de femme du monde, femme fatale ou suffragette, plaidant pour le droit de vote des femmes, selon les interlocuteurs et merveilleuse jardinière. Quand elle arrive à Mount Stewart dans les années 1920, son premier travail est de donner du lustre à la maison qu’elle trouve humide, sombre et triste. Dans le même temps, elle réorganise l’espace extérieur avec compétence et fantaisie par la création de diverses scènes paysagées pour faire un lien entre le bâtiment qui est immense et l’ancien parc, les bois et les pièces d’eau qui font toujours partie de la visite ouverte au public.

IMG_8956

Parmi les figures innovantes pour l’époque et qu’on voit toujours avec délice, il y a le « sunken garden », un espace légèrement encaissé, dans lequel on trouve un thème de décor différent du reste alentour. Puis un jardin italien inspiré de la Gamberaia et plus étrangement de Dunrobin Castle en Ecosse où elle avait passé son enfance ! Et des symboles tel « The Red Hand of Ulster » bannière héraldique rouge et blanche reproduite avec des bégonias à fleurs rouges contrastant avec un lit de gravier blanc. Sans oublier la harpe irlandaise sculptée de manière topiaire dans de l’if et qui pendant un siècle a été maintenue en fort bel état par les jardiniers qui se sont succédés à Mount Stewart.

IMG_8959

 La «terrasse du dodo», partie centrale très fleurie du jardin, un lapin, un guépard et d’autres animaux en pierre représentant chacun un membre du club exclusif fondé en 1915 par Edith, le « Ark Club » traduisent les fantaisies enjouées d’une haute société fière et moqueuse. Dodo, le célèbre volatile disparu, était le surnom du père d’Edith, Henry Chaplin, à l’époque le doyen du Parlement. On cite volontiers celle de Winston Churchill nommé « Winston the Warlock » qu’on peut traduire par sorcier ou magicien, Harold McMillan dit « Harold the Hummingbird », oiseau-mouche ou colibri. Le mari de Lady Edith représenté par un guépard était « Charley the Cheetah ». Et ainsi de suite. L’ensemble de ces oeuvres donne un lyrisme à l’ensemble que j’ai rarement rencontré en d’autres lieux.

IMG_9026

Beaucoup de journalistes, d’écrivains, de jardiniers et bien sûr l’organisme The National Trust à qui fut légué la propriété ont écrit des pages sur cette propriété à nulle autre pareille. Voici quelques liens à consulter pour faire plus ample connaissance avec Mount Stewart et Circe la sorcière :

https://www.nationaltrust.org.uk/features/garden-of-the-imagination-lady-londonderrys-mount-stewart-
https://journals.openedition.org/etudesromanes/4078
https://www.telegraph.co.uk/travel/destinations/europe/united-kingdom/northern-ireland/articles/great-winter-walksmountstewart/
https://www.youtube.com/watch?v=FEiluGiOD-8
IMG_9171

UNE ADMIRABLE CÉLÉBRATION PHOTOGRAPHIQUE DES AIGLES

Cette célébration publiée par « Delachaux et Niestlé » en mars 2019 est une traduction du très beau livre « The Empire of the Eagle, an illustrated natural history » édité en 2018 par le « Quarto Publishing Group » de Londres. Cette publication exceptionnelle, de format 235 x 286 mm, est l’oeuvre de Mike Unwin qui, à deux reprises, a été élu « auteur-voyageur britannique de l’année ». L’homme écrit régulièrement pour les revues spécialisées telles que The Independant, BBC Wildlife ou Bird Life. Il est également l’auteur d’une trentaine d’ouvrages dont trois parus aux Editions Delachaux et Niestlé : Observer les oiseaux, Toute l’année dans la nature et L’énigme de la chouette.

Couv Aigles du monde

Les aigles ont le pouvoir d’enflammer l’imagination.
Depuis des temps immémoriaux, leurs qualités idéalisées -puissance, fierté, liberté…-
les ont élevés au rang de symbole.
Présents dans les habitats les plus divers, des falaises aux déserts,
en passant par les montagnes et les milieux humides,
les forêts tropicales et les îles océaniques, ils sont omniprésents dans les cultures du monde.
L’ouvrage décrit leur diversité avec 70 portraits évoquant les moeurs fascinantes
et les menaces qui pèsent sur leur survie.
Voici quelques aigles choisis parmi les photos les plus percutantes.

IMG_5793

L’aigle royal : Aquila chrysaetos
Très grand et puissamment bâti, envergure : 1,80-2,30 m.
Pour bien des gens, dans de nombreuses régions du monde,
c’est le rapace absolu et celui de l’étendard
sous lequel marchaient les légions romaines.
C’est un formidable chasseur capable d’effectuer des piqués à plus de 240 km/h
et de venir à bout de proies de la taille d’un chevreuil.
Présent en Europe, en Asie, en Afrique du Nord ainsi qu’en Amérique du Nord.

IMG_5794

L’aigle de Bonelli : Aquila fasciata
Un aigle puissant, même s’il n’est pas aussi gros ni aussi remarquable que le précédent.
Ce n’en est pas moins un formidable prédateur,
sujet de craintes justifiées pour les lapins et autres petits animaux qui partagent son territoire.
Présent depuis la Méditerranée jusqu’à l’est de la Chine.
Envergure : 1,50-1,80 m.
C’est une espèce timide qui fréquente généralement les milieux de collines et de montagnes,
chassant sur les pentes broussailleuses et dans les boisements proches.

IMG_5796

Superbe photo d’une double couvée de l’aigle des steppes : Aquila nipalensis.
Ce grand (envergure 1,65-2,00 m) et beau prédateur est le rapace des steppes d’Asie centrale,
celui-la même qui apparait sur le drapeau national du Kazakhstan.
On le dit prédateur adaptable car il chasse aussi bien les petits mammifères
de la taille des lièvres que des oiseaux parfois en vol.
Sa technique de chasse varie du piqué aérien à l’affût patient aux abords des entrées de terriers.
Il sait aussi se livrer au charognage et voler leur nourriture à de plus grands oiseaux.

IMG_5797

Le circaète Jean-le-Blanc : Circaetus gallicus.
Au premier abord, l’oeil inexpérimenté, trompé par le vol stationnaire de l’oiseau,
pourrait prendre cet aigle de taille moyenne (envergure 1,70-1,85 m)
pour un faucon crécerelle géant ou un balbuzard.
Son comportement attire l’oeil, qu’il vole sur place,
scrutant le sol de son regard pénétrant à la recherche de proies,
ou qu’il plane dans les airs, un demi-serpent pendant de son bec.
Il fréquente le bassin méditerranéen en Europe et Afrique du nord,
ainsi que la Russie et le Moyen-Orient.
On le voit hiverner en Afrique subsaharienne.

IMG_5799

L’aigle huppé : Nisaetus cirrhatus.
Voici une espèce qu’on ne risque pas de rencontrer en Europe
car il réside en Asie du Sud-Est depuis l’Inde jusqu’à l’Indonésie,
dans les habitats boisés, semi-forestiers, savanes et plantations de thé.
Taille moyenne (envergure 1,27-1,38 m).
Reptiles et oiseaux à son menu, tels coqs et faisans.
Il chasse depuis un poste d’observation, perché droit comme un piquet
dans un arbre dominant une clairière d’où il plonge pour saisir ses proies au sol.
Il peut aussi attraper les oiseaux dans les frondaisons au terme d’une poursuite en vol rapide.

IMG_5801

L’aigle des singes : Pithecophaga jefferyi.
Jadis répandu dans toutes les Philippines, cet aigle en danger d’extinction
n’est plus présent désormais que sur quatre îles : Mindanao, Samar, Leyte & Luçon.
C’est localement le rapace le plus puissant et le plus imposant (envergure 1,84-2,20m).
Son nom n’est pas usurpé car il lui arrive de faire ventre d’un macaque crabier,
du galéopithèque, mammifère arboricole de la taille d’un écureuil.
En fait la plupart des animaux sont capables d’entrer dans ses menus,
y compris les jeunes cochons et les petits chiens.

http://www.delachauxetniestle.com/ouvrage/aigles-du-monde/9782603026212
288 pages, 34,90 euros.