MOUNT STEWART UN MUSÉE A CIEL OUVERT

Mount Stewart en Irlande du Nord, Ulster pour les Britanniques, est resté dans ma mémoire le jardin le plus complet qu’il m’ait été donné de rencontrer pendant tant d’années de reportages. Les photos qui illustrent cet article ont été faites en septembre 2012 et je les retrouve avec beaucoup de nostalgie. Certes les arbres les plus grands qui donnent au parc une exquise maturité datent de temps très anciens. Mais l’architecture de la partie qu’on peut nommer « les jardins » et qui font pour la maison un cadre superbe n’a finalement qu’à peine un siècle. Voici quelques éléments pour faire partager mon émotion, donner envie d’une visite et des liens pour accéder à des articles et petits films écrits et fabriqués par d’autres plumes et regards.

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On doit cette création à une femme « inspirée » avec tous les sous-entendus possibles de l’adjectif ! On est allé jusqu’à la nommer Circé, personnage de l’Antiquité, sorcière pour les uns, magicienne pour les autres. Voir lien ci-dessous. C’est Edith, septième marquise de Londonderry que ses nombreux amis politiques avaient fini par nommer « Circe the Sorceress ».

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Lady Edith fut une femme remarquable, qualifiée de femme du monde, femme fatale ou suffragette, plaidant pour le droit de vote des femmes, selon les interlocuteurs et merveilleuse jardinière. Quand elle arrive à Mount Stewart dans les années 1920, son premier travail est de donner du lustre à la maison qu’elle trouve humide, sombre et triste. Dans le même temps, elle réorganise l’espace extérieur avec compétence et fantaisie par la création de diverses scènes paysagées pour faire un lien entre le bâtiment qui est immense et l’ancien parc, les bois et les pièces d’eau qui font toujours partie de la visite ouverte au public.

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Parmi les figures innovantes pour l’époque et qu’on voit toujours avec délice, il y a le « sunken garden », un espace légèrement encaissé, dans lequel on trouve un thème de décor différent du reste alentour. Puis un jardin italien inspiré de la Gamberaia et plus étrangement de Dunrobin Castle en Ecosse où elle avait passé son enfance ! Et des symboles tel « The Red Hand of Ulster » bannière héraldique rouge et blanche reproduite avec des bégonias à fleurs rouges contrastant avec un lit de gravier blanc. Sans oublier la harpe irlandaise sculptée de manière topiaire dans de l’if et qui pendant un siècle a été maintenue en fort bel état par les jardiniers qui se sont succédés à Mount Stewart.

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 La «terrasse du dodo», partie centrale très fleurie du jardin, un lapin, un guépard et d’autres animaux en pierre représentant chacun un membre du club exclusif fondé en 1915 par Edith, le « Ark Club » traduisent les fantaisies enjouées d’une haute société fière et moqueuse. Dodo, le célèbre volatile disparu, était le surnom du père d’Edith, Henry Chaplin, à l’époque le doyen du Parlement. On cite volontiers celle de Winston Churchill nommé « Winston the Warlock » qu’on peut traduire par sorcier ou magicien, Harold McMillan dit « Harold the Hummingbird », oiseau-mouche ou colibri. Le mari de Lady Edith représenté par un guépard était « Charley the Cheetah ». Et ainsi de suite. L’ensemble de ces oeuvres donne un lyrisme à l’ensemble que j’ai rarement rencontré en d’autres lieux.

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Beaucoup de journalistes, d’écrivains, de jardiniers et bien sûr l’organisme The National Trust à qui fut légué la propriété ont écrit des pages sur cette propriété à nulle autre pareille. Voici quelques liens à consulter pour faire plus ample connaissance avec Mount Stewart et Circe la sorcière :

https://www.nationaltrust.org.uk/features/garden-of-the-imagination-lady-londonderrys-mount-stewart-
https://journals.openedition.org/etudesromanes/4078
https://www.telegraph.co.uk/travel/destinations/europe/united-kingdom/northern-ireland/articles/great-winter-walksmountstewart/
https://www.youtube.com/watch?v=FEiluGiOD-8
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