AVOIR LA MAIN VERTE

« Avoir la main verte ! » Voici une expression fréquemment entendue. Le confinement que nous venons de vivre et qui a tenu tant de gens enfermés à la maison a pu nous orienter vers les plantes qui nous donnent en général tant de satisfaction. Mais sommes-nous égaux devant elles ? Avoir la main verte, c’est à dire communiquer avec les plantes en toute facilité, cela s’apprend. Alors autant commencer avec les végétaux les plus tolérants, ceux qui n’exigent pas de soins trop compliqués. Cette pensée a guidé Jamie Butterworth quand il a imaginé un livre qui présenterait les espèces les plus dociles, celles qui encouragent à poursuivre. Cela a donné « 50 Plants That You Can’t Kill » aux Editions anglaises Mitchell Beazley en 2019. Puis en mai dernier, la version française chez Delachaux et Niestlé « 50 plantes pour ceux qui n’ont pas la mains verte », délicieusement traduit par Odile Koenig.

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Dans la présentation de son oeuvre, Jamie donne le ton : « Bien sûr, il est toujours possible de faire mourir une plante, mais de nombreuses sont particulièrement robustes et résistantes. Les plantes sélectionnées sont, à mon avis, des espèces infaillibles qui vous donneront le courage de poursuivre. Et si beaucoup considèrent le jardinage comme une activité de retraités, c’est faux ! car tout le monde peut jardiner, quels que soit son âge, son lieu d’origine, son métier ou son salaire. Jardiner est excitant et gratifiant. Et c’est bien plus amusant que tondre la pelouse. Quand vous aurez semé vos premières graines et que vous les aurez vus germer, pousser et fleurir, je vous garantis que vous ne pourrez plus vous en passer. »

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Euphorbia ‘Firecracker’, une euphorbe de 45 cm de haut avec des fleurs orange vif. Les euphorbes qui sont nombreuses nécessitent peu d’entretien. On coupe les tiges près du sol quand elles sont sèches. A placer au soleil ou à mi-ombre dans tous les sols, sauf très humides. Le rouge lumineux de son inflorescence s’harmonise facilement avec les autres couleurs d’une plate-bande composée. Plante vivace, ce qui laisse entendre que si tout se passe bien, elle repousse année après année sans soins particuliers.

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Fuchsia ‘Mrs Popple’, c’est un des bons hybrides pour plantation en plein air (mais aussi en pot) soleil ou mi-ombre dans l’endroit du jardin le moins froid l’hiver. Un bord de mur fait son affaire en évitant le pied dans l’eau. Sa floraison estivale qui se prolonge en automne peut rivaliser avec celle de n’importe quelle plante vivace. On le classe dans les arbustes car sa souche devient vite ligneuse. Pas de soin spécifique, sinon tailler en fin d’hiver les branches qui ont séché. Hauteur : autour d’un mètre de haut. Plantation à raison de deux au mètre linéaire. Pas de maladie.

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Hortensia ‘Kardinal Violet’. On trouve les hortensias à peu près partout. Ils appartiennent au vaste groupe des Hydrangea. Et des fleurs impressionnantes au niveau de leurs dimensions et de leurs couleurs si variées selon les variétés réjouissent tout le monde. Pas vraiment de parasites. Une fois plantés, c’est fait pour longtemps. Pas de crainte de gel. Réduction des tiges en fin d’hiver avec élimination des plus fluettes. Hauteur moyenne entre 1 et 2 mètres. Deux par mètre linéaire maximum. Plutôt soleil sans être une obligation. Arrosage en cours d’été afin que la terre ne sèche pas. Toute terre non calcaire. Apport régulier de couches de compost ou terreau en couverture du sol.

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Lonicera ‘Mandarin’. C’est un des nombreux chèvrefeuilles actuels du marché qui par sa floraison orangée peut illuminer n’importe quel massif. Malheureusement cette variété n’est pas parfumée. Le jeune feuillage teinté de rouge au printemps apporte lui aussi de la couleur. On aide la plante en la tuteurant à ses débuts. Au delà, tous les chèvrefeuilles se débrouillent seuls en s’agrippant par leurs tiges volubiles sur la plupart des supports. Ombre, soleil, tout est bon. Pas d’exigence de terre. Hauteur variable, capable de plusieurs mètres. Facile à contrôler par des coupes successives.

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Cosmos ‘Candy Stripe’. Jamie Butterworth est bien élogieux pour le cosmos qu’il nomme le prince des jardins de fleurs coupées et le roi des potées ! Cette fantastique annuelle fleurit sans discontinuer de juin aux premiers froids. Fort vigoureux, jusqu’à 1m ou 1,50 m de haut, les cosmos remplissent avec élégance les vides dans les massifs par de superbes nuages de fleurs. Plein soleil de préférence. Par le semis familial vers avril, on produit les cosmos à peu de frais. Un sachet de graines de quelques euros suffira pour vous réjouir une saison. Suivre les consignes mentionnées sur le sachet.

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Caucalis à grandes fleurs. Parente de la carotte sauvage et du cerfeuil des bois, voici un végétal qui s’accommode de toutes les situations ensoleillées et même sèches. Plus connue sous son nom latin : Orlaya grandiflora. Va s’imposer dans le futur où les étés seront de plus en plus torrides. Il est conseillé de laisser l’Orlaya sans couper ses hautes tiges ramifiées en fin de floraison. Ses graines tomberont sur le sol une fois mures et la pérennité de l’espèce sera assurée. A associer aux mélanges dits « prairies fleuries » pour les enrichir et tonifier les effets floraux.

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Le pois comestible. Rien n’égale la saveur des petits pois fraîchement récoltés au jardin si on les compare à ceux achetés dans le commerce. Ils sont délicieux en accompagnement ou, et c’est encore mieux, consommés crus directement cueillis sur la plante. La qualité du sol est importante. Enrichir la terre avec tous les terreaux et composts disponibles, voire fumiers bien décomposés. Arrosage suivi si la pluie se fait attendre. Une graine semée dans de bonne condition, c’est l’assurance d’avoir une centaine de gousses à récolter. Semez peu à la fois mais souvent pour étaler les récoltes.

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Thym. Robuste et rustique, le thym fait partie des plantes sur lesquelles on peut marcher. Il en tire même un certain bénéfice !!! Presque indestructible, il est décoratif, précieux pour la faune sauvage et, bien sûr, comestible. Il existe des dizaines de variétés adaptées au jardin, avec de légères variations de hauteur, couleur, texture et saveur. Et toutes ont cette capacité à résister au très chaud et très sec qui fragilisent les plantes à fleurs. De la même façon Aloe polyphylla, dit Aloe spirale en raison de son graphiste (ci-dessous), ne demande aucune contrainte et se montre excellent en centre de table. Et encore la grande famille des Sempervivum (les joubarbes rustiques) qui n’attend aucune aide du jardinier sont des bons éléments pour l’initiation au végétal.

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http://www.delachauxetniestle.com/ouvrage/50-plantes-pour-ceux-qui-n-ont-pas-la-main-verte/9782603027103  19,90 euros

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LE PETIT BORDEAUX JARDIN D’ATMOSPHÈRE

Revoir un ami qu’on a délaissé depuis longtemps est chose délicate. Et son jardin, naguère si élégant et plein de finesse, comment a-t-il vécu l’épreuve du temps ? C’est souvent par des propos liés aux années oubliées que la conversation se met en place. L’ami dont je parle est Michel Berrou. Le jardin a gardé le nom du lieu-dit : « Le Petit Bordeaux ». En faisant le tour de ce jardin resté sublime, nous avons évoqué Pierre-Jules, l’enfant de la maison qui collectionnait toutes sortes d’insectes, trouvés dans le jardin, ou dans la forêt guyanaise à l’occasion de vacances en famille, les plaçait dans des boites à couvercle transparent et découvrait comme un jeune savant leurs noms et leurs caractéristiques. Il n’aide plus son père dans la marche du jardin depuis qu’il a entamé une période d’études scientifiques en entomologie qui promet d’être longue. Voici quelques propos pour donner à chacun l’envie d’aller sur site à sa découverte.

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Pendant ce temps, le jardin sortait de terre et trouvait son esprit. Michel tentait d’obtenir une succession d’espaces tantôt ouverts et tantôt confinés pour générer des atmosphères de liberté réjouissantes. Dans le cadre boisé qui était imposé par les lieux, il fallait éclaircir. Le mot « clairière » aurait pu convenir quand il fut décidé d’ouvrir le jardin au public. Michel lui a préféré « Le jardin d’atmosphère du Petit-Bordeaux ».

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Michel Berrou est un poète féru de lectures d’auteurs classiques et de philosophes. A ces derniers, il a emprunté des pensées qu’il a copiées à l’encre blanche sur des ardoises piquetées en rive des allées les plus étroites, là où le visiteur cherche son chemin, perdu dans sa quête de la beauté végétale et de l’étonnement.

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Michel fait remarquer que ma dernière visite remonte tout de même à une dizaine d’années, époque où j’avançais encore sur la route des jardins allant à la rencontre des bonnes adresses du moment pour le magazine Mon Jardin & Ma Maison. J’ai retrouvé mon dernier article sur Le Petit Bordeaux -MJ&MM janvier 2011- En voici les grandes lignes.

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« Michel & Sylvie Berrou se sont arrêtés un jour, sur le chemin de la Bretagne, au Petit Bordeaux. Ils ont trouvé là deux maisons forestières dissimulées dans une clairière. Vingt années ont passé depuis. Ils ont su créer, au milieu de la forêt, le jardin qu’ils espéraient et leur fils Pierre-Jules y est né. C’est avant tout un jardin d’atmosphère qui capte au mieux dans une belle élégance la ronde des saisons. Oui, c’est bien un jardin que l’on aime revoir tout au long de l’année, pour s’attarder dans les méandres de ses allées qui conduisent vers de riches collections d’arbres, d’arbustes, de plantes vivaces et de rosiers.

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« Dans un labyrinthe sensuel où tout est courbes et rondeurs, on peut facilement s’égarer si l’on ne suit pas attentivement un fléchage discret. C’est un des points forts du jardin qui occupe un hectare et demi. La composition d’ensemble est brillante. Elle s’enroule autour de plans d’eau aux harmonieuses proportions et propose plusieurs haltes poétiques si propices à la méditation. La futaie de bouleau, émergeant des vagues de charmille taillée en douceurs émouvantes, est un bel exemple des surprises dont Michel Berrou a le secret. Les verticales blanches des troncs de bouleaux imposent leur force graphique en surgissant des haies serpentines qui les isolent en un bouquet insulaire.

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« Au Petit Bordeaux, on rêve de pouvoir se perdre quelques heures, s’asseoir sur chaque banc, sous chaque tonnelle, sentir couler le temps comme coulent les sources, d’évidence tranquille. Ce jardin classé Jardin Remarquable par le Ministère de la Culture a reçu de nombreuses distinctions. La visite est possible du printemps à l’automne. C’est à dire du premier coup de feu des floraisons jusqu’au sommet des couleurs des feuillages d’automne. Le choix des espèces a été opéré dans l’idée d’obtenir les meilleurs effets théâtraux. »

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Voir conditions d’accès sur site internet : http://www.jardindupetitbordeaux.fr
A Biez-en-Belin, Sarthe, au sud du Mans et à l’ouest du Grand Lucé

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L’AQUARELLE AU JARDIN

Raphaèle Bernard-Bacot a repris ses pinceaux pour se rendre au jardin. Après avoir assuré une belle chronique sur les fleurs et les légumes du Potager du Roi à Versailles il y a trois ans chez Glénat, elle se réinvente. Par contraste des fastes du jardin royal, elle est allée à la rencontre des gens ordinaires qui ont pour se distraire une surface « normale ». Et quelquefois, ce n’est qu’une parcelle empruntée à la commune ou à une association. Mais qu’importe les dimensions du territoire pour trouver le bonheur ! Car c’est bien de « bonheur » qu’il s’agit, celui que le jardinage apporte si on le pratique à sa mesure. Raphaèle se définit comme une artiste butineuse qui, au fil des saisons, est allée à la rencontre des « Jardiniers des villes » (titre de l’ouvrage) de Paris et de ses environs. Résultat éloquent et plus amusant qu’un sondage : 54 planches de croquis à l’aquarelle, fourmillantes de détails et d’anecdotes potagères, agrémentées de textes courts et poétiques qui tissent avec humour les portraits de ces jardiniers urbains. Editions Rue de l’Echiquier. Juin 2020.

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Véronique. Ancolies, bonnets de grand-mères ou fleurs des elfes, giroflées musquées ou juliennes des dames, tulipes ‘Angélique’ délicieusement roses, coeurs de Marie… que de jolis noms pour ces élégantes vivaces ! Les fleurs de printemps donnent des ailes à Véronique. Quand elle n’est pas à l’école avec ses petits élèves, elle s’occupe de son jardin. On peut aimer les fleurs délicates et manier la houe comme personne. Les fleurs, c’est comme les enfants : ils sont mignons, mais il faut les tenir. Enfin, pas trop serré quand même, car toutes ces vivaces sont attachées à leur liberté.

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Vitor. Vitor est jardinier au Potager du Roi. Comme La Quintinie, le jardinier de Louis XIV, il a toujours sa serpette dans la poche et connait sur le bout des doigts les seize carrés de plantation ordonnés autour du bassin central. Vitor a commencé à apprendre son métier avec les fleurs. Mais depuis une vingtaine d’années, ce sont les légumes qui captent toute son attention. Aujourd’hui, il a remarqué que les moutardes de Chine qui subsistaient de l’an dernier montaient en graines. Il les apprécie surtout pour leurs feuilles qui rappellent celles des choux et sont délicieuses en salade.Vitor. Vitor est jardinier au Potager du Roi. Comme La Quintinie, le jardinier de Louis XIV, il a toujours sa serpette dans la poche et connait sur le bout des doigts les seize carrés de plantation ordonnés autour du bassin central. Vitor a commencé à apprendre son métier avec les fleurs. Mais depuis une vingtaine d’années, ce sont les légumes qui captent toute son attention. Aujourd’hui, il a remarqué que les moutardes de Chine qui subsistaient de l’an dernier montaient en graines. Il les apprécie surtout pour leurs feuilles qui rappellent celles des choux et sont délicieuses en salade.

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Ali. Ali a travaillé pendant 43 ans chez Dassault. L’entreprise, à la manière de toutes les grandes marques de l’industrie automobile en région parisienne, lui avait proposé une parcelle à Garches. Il avait accepté pour renouer avec la terre, comme dans sa jeunesse. « Et aussi pour me faire plein de copines », ajoute-t-il. Les salades aiment le céleri, qui aime la courgette, qui aime le concombre. De même, Ali aime à être bien entouré. Ses talents de jardinier lui sont très utiles pour s’attirer les faveurs féminines : un bouquet de persil par-ci, une botte de carottes par-là …

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Marie-Laure. Pour Marie-Laure, un jardin potager, c’est un havre de paix. Paix avec la nature, paix avec les autres. Paix avec soi. Les plantes sont bonnes pour nous, pourvu que l’on y soit attentif, tel est son mantra. Elle cultive les aromatiques, comme le thym, parfait antiseptique quand arrivent les premiers froids, la sauge antioxydante pour la digestion, la mélisse pour les insomnies. Sont aussi présentes dans son jardin les plantes qui guérissent les maux des femmes, comme l’onagre ou primevère du soir au parfum délicat, le souci officinal pour ses propriétés antibactériennes…

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Léo. Léo a des horaires. Il vient tous les après-midi après la sieste et repart tous les soirs avant le coucher de soleil, rapportant à la maison une salade ou un légume pour son dîner. Au jardin, Léo bichonne ses légumes-fruits : tomates, aubergines… délicieux en ratatouille ! Il ajoute quelques piments pour corser le tout. Cette année, ce sont les aubergines dont il est le plus fier. Parfaitement rondes et rutilantes, elles brillent de mille feux. Pourtant, ce n’est pas gagné sous le soleil d’Ile-de-France. Quel est donc son secret ?

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Charline et Virginie. Charline a 8 ans. Elle aime accompagner sa mère Virginie au jardin. Ce qu’elle préfère, c’est nourrir les poissons qui prolifèrent dans une grande bassine en zinc, avec des graines qu’elle garde dans la cabane. Mais les poissons n’en sont pas les seuls amateurs : les souris les apprécient également ! Elles ont même grignoté son gant, maintenant orné d’un gros trou. Des trous, le petit rongeur en fait partout. On les repère facilement dans la parcelle. Pour éloigner la bête, Charline y fourre des feuilles de laurier…

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https://www.ruedelechiquier.net/pratique/272-jardiniers-des-villes.html?search_query=jardiniers&results=2
https://www.ruedelechiquier.net/att/1207_3c002be05f03214b1deccfe8e1d05e2fc55b51d0
https://www.youtube.com/watch?v=gWm6_pfjuRI
https://www.glenat.com/carnets-du-terroir/le-potager-du-roi-9782344019412

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A LA DÉCOUVERTE D’UN MONDE SAVOUREUX

Sommelier en huile d’olive, juge dans des compétitions internationales et découvreuse d’huiles rares, Emmanuelle Dechelette aime partager sa passion et son goût pour l’excellence avec les Chefs de cuisine et le grand public. D’où son livre EXTRA VIERGE paru chez Dunod en 2018, avec près de 200 pages fort bien illustrées et riches d’un texte qui nous fait voyager dans le temps. On y découvre que cette matière a toujours inspiré cuisiniers et diététiciens. Pour Emmanuelle, de grands chefs se sont mis aux fourneaux pour présenter une trentaine de recettes, parfois surprenantes mais toujours faciles à réaliser. Ce livre nous entraine aussi à la découverte de 34 productions venant du monde entier, de la Nouvelle-Zélande à l’Uruguay. On apprend que l’Espagne est un pays d’excellence, au même titre que l’Italie et la Grèce. Quant à la France, on est heureux de savoir que Patrick Bruel cultive 13 hectares d’oliviers sans engrais chimique ni pesticide sur la commune de l’Isle-sur-la-Sorgue.  

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Voici quelques passages de texte prélevés au fil des pages pour donner une image la plus juste possible de la diversité du propos. Aliment phare du régime méditerranéen, l’huile d’olive bénéficie d’une excellente réputation grâce à ses propriétés bénéfiques pour la santé, généralement attribuées à sa richesse en antioxydants (les polyphénols), en vitamines (A et E) et en acides gras mono insaturés. Enfin, cette huile peut être utilisée aussi bien crue, comme ingrédient de sauce émulsionnée (aïoli, vinaigrette) ou assaisonnement de plats (salades, pâtes, légumes, poissons, viandes), que cuite, comme corps gras pour la cuisson (au four ou à la poêle), voire en friture grâce à son point de fumée élevé (210°C) même s’il est préférable ne ne pas dépasser 190°C pour les huiles vierges extra.

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Après les première pages concernant les données historiques, scientifiques et agricoles du monde des oliviers, des olives et des huiles qu’on peut en espérer, on arrive à la présentation de producteurs dignes de confiance. Tel Eric Martin qui cultive 25 hectares dans le hameau ardéchois de Massargues. Il annonce 8000 arbres dont 4000 de la variété Bouteillan. Photo ci-dessous. Tout en culture bio/biodynamie. Voici une variété originaire du Haut-Var qui porte ses fruits sous la forme de petites grappes. Depuis des essais fructueux dans les Bouches-du-Rhône et les Alpes de Haute-Provence dans les années 1990, elle s’est exportée en Egypte, en Australie et aux Etats-Unis. Le Chef Manuel Chaussabel de l’Aubépine à Aubenas l’utilise dans un dessert où se retrouvent : biscuit sablé chocolat, yaourt de brebis glacé, coing sauvage, yuzu et huile d’olive 100% Bouteillan.

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Célèbre pour son bouquet délicat, la Taggiasca est une variété emblématique de Ligurie en Italie, où elle a été introduite au XVIème siècle par des frères bénédictins. Elle est présentée par Anna Ardoino dont la famille s’est tournée depuis plus d’un siècle vers les produits régionaux de qualité. Nanni Ardoino, le père d’Anna, décide d’exploiter son talent particulier de « nez ». Capable de distinguer les finesses des qualités sensorielles de l’huile d’olive, il sera reconnu « meilleur nez » par ses pairs et en 1983 il crée la première école de dégustation d’huile d’olive. Ci-dessous.

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La variété Oblica est la principale olive de Croatie, où elle est presque exclusivement cultivée. Cet olivier s’adapte aux sols très calcaires. Pas besoin d’irrigation car l’arbre résiste aux fortes chaleurs. Les arbres sont taillés pour les rendre accessibles à la cueillette manuelle. Christian Bouas en cultive plus de mille. Rien ne destinait cet entrepreneur toulousain à devenir oléiculteur. C’est à l’occasion d’un voyage qu’il découvre la beauté sauvage des lieux. Il trouve la possibilité de s’associer à un agriculteur oléicole local et achète une dizaine d’hectares. La première cuvée d’huile Oblica voit le jour en 2015. Et c’est avec cette dernière que le Chef Sébastien Crison, de l’hôtel Scribe à Paris, prépare un plat riche en goût et en couleur : le damier de betterave et de radis marinés dans l’huile auquel s’ajoutent brocoli et fromage de chèvre frais.

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La Chemlali est la variété la plus cultivée en Tunisie. Le Domaine Fendri, situé à Maknassy, au sud-ouest de Sfax, cultive 19.000 oliviers sur 500 hectares, dont 8.000 en variété Chemlali. C’est une affaire de famille sur trois générations. Slim Fendri rejoint l’exploitation en 1995 après fait Sciences Eco Grenoble. Avec son père, Slim voyage pour comprendre comment on travaille l’huile d’olive ailleurs. C’est en Italie qu’ils découvrent « le fruité vert ». Dès lors, leur objectif est de produire le meilleur profil organoleptique en fruité vert bio. Le Chef Vivien Durand, du Prince Noir à Lormont (1 étoile Michelin) utilise cette huile pour son plat de Grosses asperges blanches de Gironde au coin du feu, salade de son pied (d’asperge) et vierge de caviar Sturia primeur.

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Charles III d’Espagne envoie ses « missionnaires » en Californie pour « prêcher la vraie foi et s’enquérir de l’or ». Vingt-et-une missions sont créées, de San Diego à San Francisco, égrainant sur ce territoire des fruits exotiques comme l’olive. Héritage de cette époque, la Mission est considérée aujourd’hui comme la seule variété des Etats-Unis dans le catalogue mondial des variétés. C’est un arbre rustique qui résiste bien au froid. C’est là que Gianni et Diana Stefanini exploitent sept hectares d’oliviers dont une bonne part revient à la Mission. Son huile au fruité intense est utilisée par la Chef Kristin Frederick, au Greenhouse à Paris, pour son Avocado toast californien.

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Belle histoire que celle de l’agronome Maria Elina Buffa, et Juan Pablo Castellano, ingénieur forestier, qui se sont rapprochés pour planter des oliviers dans le désert, dans la région de San Juan en Argentine. Ils produisent un cru souvent primé, Trilogia Criolla, composé à partir d’un assemblage des huiles des variétés Arauco et Arbequina, aux saveurs d’artichaut et d’asperge, dont se sert le Chef Ippei Uemura, au Tabi de Marseille pour son Carpaccio de maquereaux sur forêt de poireaux et sa sauce poire.

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https://www.dunod.com/livres-emmanuelle-dechelette
29,90 euros
chez Dunod en 2018.

MUSEE DES IMPRESSIONNISMES A GIVERNY

Le musée des impressionnismes à Giverny est heureux d’annoncer sa réouverture au public le 15 juin à 10H00 pour la saison 2020. Voir détails des précautions sanitaires liées à l’accueil sur https://www.mdig.fr   Une nouvelle exposition estivale a été programmée en un temps record pour remplacer celle initialement prévue en mai et juin « Plein air. De Corot à Monet » en raison des difficultés d’acheminement des oeuvres et des contraintes liées au confinement. En voici les grandes lignes accompagnées des superbes photos aériennes du jardin, oeuvres de François Guillemin.

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Cet été, le musée des impressionnismes Giverny a choisi d’offrir une nouvelle exposition intitulée « Reflets d’une collection », le premier grand accrochage d’oeuvres de son fonds propre qui, depuis plus de dix ans, ne cesse de s’enrichir. Présenté du 15 juin au 30 août 2020, le parcours d’exposition réunit près d’une centaine d’oeuvres : dessins, peintures, photographies, sculptures, manuscrits. De l’impressionnisme de Gustave Caillebotte au postimpressionnisme de Pierre Bonnard, de la peinture de Joan Mitchell à la délicate poésie de Hiramatsu, le musée souhaite ainsi témoigner de l’influence de l’impressionnisme jusqu’à la création la plus actuelle.

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Pour Cyrille Sciama, directeur du musée : « Par cette exposition de réouverture, nous proposons de partager avec le public notre collection, un fonds constitué dès la création du musée en 2009 par mes prédécesseurs. Avec « Reflets d’une collection » nous espérons que nos visiteurs pourront découvrir ou redécouvrir cet été le musée avec plaisir, en leur garantissant un moment d’évasion et d’enrichissement, mêlant art et nature. »

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Outre les oeuvres de Claude Monet, grand maître de l’art pictural à Giverny  et celles de la colonie d’artistes, américains notamment, qui gravitaient autour de lui, la collection a pu s’enrichir des oeuvres de John Leslie Breck et Theodore Butler. Des initiatives récentes ont permis d’acquérir le spectaculaire ensemble du Parterre de marguerites de Gustave Caillebotte et Plate à Villerville d’Edouard Dantan. A cela s’ajoute la dernière acquisition en mars dernier, une peinture d’Eugène Boudin : Deauville, le bassin.

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Maurice Denis vint aussi à la rencontre de Monet, à qui il vouait une sincère admiration. Le Portrait de Monet à Giverny qu’il dessina en 1924 fut offert au musée par Claire Denis, petite-fille de l’artiste en 2012. De même que la toile Soleil blanc sur les blés, le japonisant Reflet de soleil sur la rivière et la grande esquisse de décor Orphée et Eurydice. Ces oeuvres permettent d’évoquer les nombreuses facettes de ce grand peintre du groupe Nabis qui fut aussi un brillant théoricien.

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Créé en 1992, le jardin du musée est le fruit d’un travail entre l’architecte Philippe Robert, qui a fait correspondre les lignes du jardin avec celles du bâtiment, et le paysagiste Mark Rudkin qui s’est vu confier le fleurissement et la charte des parterres. Depuis environ vingt ans, l’entretien de ce jardin et le respect des codes sont confiés à Emmanuel Besnard (portrait ci-dessous).

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https://www.mdig.fr
https://www.mdig.fr/fr/le-musee/le-jardin

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LECTURE INATTENDUE « RUCHES REFUGES »

Étonnant livre ! ce nouveau guide pratique « RUCHES REFUGES » consacré au ré-ensauvagement des abeilles mellifères. Certes, les abeilles sont à l’honneur depuis qu’insecticides et autres produits de l’agronomie intensive sont répandus sur les cultures. On vient à leur secours de toutes parts pour les défendre en sachant que le retour vers de bonnes pratiques agricoles sera lent et laborieux. Et puis il y a ce regard de Céline Locqueville qui présente les moyens de redonner aux abeilles leur statut d’animal sauvage et de restaurer leur diversité génétique. A lire et à savourer … lentement.

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Céline Locqueville est jardinière, paysagiste, vannière, amoureuse des plantes et des petites bêtes. Elle a créé le Jardin des Petites Ruches dans l’Yonne en 2010. C’est un lieu de transmission des savoirs et de sensibilisation à la préservation des abeilles et de la biodiversité. Et parce que l’apiculture est de plus en plus intensive, les abeilles mellifères, indispensables pollinisatrices, sont aujourd’hui fragilisées par l’exploitation de l’homme. On découvre avec ce livre la nécessité de créer des ruches de biodiversité, dans lesquelles on ne prélèvera pas le miel. Surprenant et raisonnable ! Avec Céline, on apprend aussi à construire ce qu’elle nomme poétiquement des « nichoirs à abeilles ».

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« Ruches refuges » c’est 160 pages bien remplies, de photos et de dessins certes mais surtout d’un texte à la fois émouvant et bien documenté où elle explique son cheminement depuis le jour où un essaim d’abeilles se dirigea tout droit dans sa direction et comment au fil des ans elle appris à dominer sa peur, faire la connaissance de ce monde exceptionnel au point de ne plus pouvoir s’en passer.

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Mieux qu’une revue de presse comme on a coutume d’en lire, je propose pour présenter ce livre et donner envie de le découvrir de citer quelques lignes de sa préface écrite par Jacqueline Freeman, autrice du livre « Le chant des abeilles » chez Mama Editions.

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« Quand j’ai lu le livre de Céline, mon coeur a sauté de joie. C’est une femme qui a un bagage extraordinaire de compétences, chacune nécessaire pour comprendre comment les abeilles bénissent le paysage et créent le monde de chaque jour. Elle combine la connaissance du paysage, de la science, de l’histoire et une philosophie de la nature. En lisant ses histoires sur la communion avec les ruches, je me sentis me détendre. Sur chaque page j’ai vu qu’elle connaissait vraiment et sentait le coeur des abeilles.

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« La vaste compréhension que Céline a de la nature des abeilles est exquise. Son livre est un véritable trésor. Trop peu d’apiculteurs savent à quel point les pratiques qui altèrent la vie naturelle des colonies d’abeilles ont infiltré l’apiculture moderne. Céline voit au-delà des conceptions erronées que nos esprits humains ont inventées pour courir après le profit. Elle propose des solutions meilleures et plus enrichissantes. »

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https://www.editions-ulmer.fr/editions-ulmer/ruches-refuges-accueillir-les-abeilles-melliferes-dans-son-jardin-sans-les-exploiter-744-cl.htm

https://www.youtube.com/watch?v=GGwmTby430g

https://www.youtube.com/watch?v=Ipu-FsEpZoE&vl=fr

http://www.petitesruches.fr

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