37 JARDINS À DECOUVRIR DANS LE COTENTIN

Jérôme Goutier et ses amis fins jardiniers du département de La Manche ont su au fil des ans fédérer énergies et bonnes volontés pour constituer une structure efficace au bénéfice des jardins. Celle-ci aborde sa dizième année d’existence. Après avoir regroupé des jardins du Nord-Cotentin et du centre Manche les premières années (depuis 2010), l’association compte en 2019 trente-sept jardins répartis dans toute la Manche, de la Hague à la baie du Mont-Saint-Michel et aux frontières de l’Orne… des jardins petits ou grands, de collection ou plutôt minimalistes, d’une belle diversité. Le dénominateur commun de leurs propriétaires : une véritable passion pour les plantes et aimer la partager avec leurs visiteurs au cours de plusieurs week-ends, entre mai à et octobre !

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En allant de nouveau au jardin botanique de Vauville   http://georgeslevequejardins.com/aller-a-la-rencontre-des-gunneras-de-vauville/   pour témoigner de la prospérité signalée des gunnéras, des cordylines et des palmiers qui ont lentement pris la place des grands cyprès, premiers brise-vent dans les années 1950-1980, j’ai visité trois des 37 jardins de l’association Cotentin Côté Jardins, trois jardins fort différents. Je reprends en grande partie les mots qui les présentent sur le site officiel de l’association :  http://www.cotentincotejardins.com

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La Guesnonnière de Michel Leforestier à Montcuit
Deux jardins se côtoient sur un hectare. Le premier, né en 1996, prolonge la longère autour d’un vaste étang. Il vient d’être entièrement repensé dans l’esprit orientaliste du lieu tandis que la pièce d’eau a doublé de surface et s’accompagne désormais de tumultueuses cascades. Parsemée de symboles à l’instar de l’île grue, d’arbres métamorphosés par la taille ou le port, cette nouvelle création donne immédiatement le ton avec le sable granitique naturel qui entoure l’étang, évoquant le sable ratissé des jardins du Japon. La sélection pointue de végétaux (fougères, bambous, arums, helxine, rhodos …) contribue à conduire les visiteurs dans un autre monde.

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La promenade continue au delà d’un talus boisé abrupt le long d’un sentier bucolique qui offre des échappées splendides sur l’étang et accède au second jardin, une étourdissante collection d’érables du Japon (Acer palmatum) et d’hydrangeas que Michel Leforestier a démarrée en 2003. Elle offre à présent une végétation pleinement adulte. Là aussi un torrent au débit impressionnant dévale une rivière minérale. A la base, un vaste pierrier contraste avec un rideau de bambous et un petit bassin tandis qu’un pont rouge laqué exacerbe l’orientalisme des lieux. Ces deux jardins constituent un ensemble japonisant en tous points unique dans la Manche.

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La Bosquerie de Christine Banse à Auxais
Entre brins de nature et zestes d’exotisme. Depuis 2003, tout en gérant une exploitation agricole avec Bernard son mari, Christine Banse a trouvé le temps de créer un jardin bien personnel et inspirant. Les tableaux, souvent conçus subtilement avec les moyens du bord faits de beaucoup de récupération, se renouvellent avec bonheur tout au long de la belle saison dans divers  biotopes : humide autour d’une mare, sec sur des terrasses nées à l’emplacement de ruines, frais le long d’un ancien chemin communal devenu un ravissant sentier fleuri.

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Des plantes de choix et d’énormes souches décapées très graphiques ponctuent les différentes scènes. Enchantement et quantité de découvertes tout au long de la visite de ce jardin délicieusement profus !

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Le jardin de Basroger de Léon et Maryvonne Faligot à Les Moitiers-en-Bauptois
Fleurs d’ici et d’ailleurs. Maryvonne et Léon Faligot ont créé un charmant jardin où les roses se marient aux hydrangeas et aux vivaces, avec beaucoup d’hostas, dans une profusion de fleurs. Un plantureux potager et une volumineuse serre complètent le tableau. Parmi les derniers embellissements du jardin, un nouveau massif de gravier pour les plantes xérophytes et une plaisante terrasse en bois. Contre la maison, une belle collection de plantes grasses.

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A l’intérieur, une flopée d’orchidées et d’Adéniums (la « rose du désert ») qui est l’autre passion du maître des lieux. Au sein du verger est venue se poser depuis 2016 une collection de 25 rosiers normands tous issus de la Manche et du Calvados. Le nom de ce jardin rend hommage à Gabriel Basroger (1849-1906), capitaine au long cours, né aux Moitiers en Bauptois.

http://www.cotentincotejardins.com

LES VISAGES MULTIPLES DES HORTENSIAS ET DES HYDANGEAS

Il est un temps déjà lointain où, lorsqu’on parlait d’hydrangéas, on faisait surtout référence aux hortensias. Séduits par leurs qualités florales, les pépiniéristes Lemoine et Mouillère produisirent dès 1908 de nombreuses variétés aux couleurs variant du blanc pur au rouge foncé. La popularité des hortensias ne s’étant jamais démentie, beaucoup d’autres professionnels ont poursuivi la recherche de formes nouvelles. Le goût de la botanique allant, on s’est aperçu que le genre Hydrangea était considérablement plus large que les seuls hortensias ne le laissaient penser. On découvrait progressivement beaucoup d’espèces inconnues via les jardins anglais et les conservatoires botaniques. Un des maîtres contemporains du genre Hydrangea est Thierry de Ryckel. Sa collection et ses pépinières se trouvent en Belgique. Il vient de publier aux Editions Ulmer un ouvrage très complet, pratique et de lecture facile : « Hortensias et hydrangéas d’aujourd’hui » 24 euros.

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Dès le début de son activité, Thierry de Ryckel a fait siennes les théories et les techniques mises au point par Greta Sturdza, la princesse du jardin normand « Le Vasterival » célèbre depuis les années 1970. Dans ce livre, son deuxième sur le sujet chez le même éditeur Ulmer, il évoque les préceptes de cette jardinière hors norme. Il faut se souvenir qu’elle a éduqué  des milliers de jardiniers venant à sa rencontre en visites ou en stages. Les visites guidées du Vasterival étaient célèbres. Elles le restent et se poursuivent sous le contrôle de Didier Willery, directeur du jardin, bon auteur et fin photographe sur le sujet.

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De l’humus, encore de l’humus, toujours de l’humus. A son tour Thierry se fait prescripteur. Voici un chapitre qui témoigne de l’essentiel : « La forêt n’a pas attendu les engrais pour pousser ! Si l’on garde cet exemple pour modèle, il est très facile de copier la nature et de couvrir le sol d’une épaisse couche de feuilles mortes en permanence. Elle garde la terre humide et fraîche et sa décomposition suffit à nourrir les hydrangéas les plus voraces. Il est inutile d’enfouir cette matière organique , puisque c’est le rôle des nombreux minuscules animaux et des mycorhizes (champignons utiles au sol) de l’incorporer progressivement aux couches profondes, là où les radicelles peuvent les absorber. C’est cette activité qui rend le sol fertile et permet la croissance des plantes. Toutes les feuilles conviennent, même si certaines se décomposent plus vite que d’autres. Idéalement, les meilleures sont celles qui poussent à cet endroit. En sol pauvre, si les feuilles ne suffisent pas, vous pouvez nourrir vos plantes avec des engrais organiques universels deux fois par an, au printemps et en automne. Ces engrais organiques doivent être partiellement décomposés pour être assimilables par la plante. Ainsi, ce qu’on met au printemps sert à la plante en été et ce qu’on met en automne sert au printemps. »

On évoque souvent les principes de taille. Pour Thierry, la taille sert à maintenir les buissons dans un état de jeunesse. Et se faisant on conserve des plantes florifères. C’est une opération très simple à pratiquer dès lors qu’on a compris les principes de l’intervention et la réaction du buisson. Il faut surtout apprendre à découvrir les hydrangéas qui fleurissent sur les branches qui ont poussé l’été précédent et ceux qui fleurissent sur les branches qui se sont seulement développées au printemps. Le livre précise tout cela en déclinant le propos espèce par espèce. Et des espèces d’hydrangéas il y en a beaucoup, sans parler des variétés et des cultivars qui viennent grossirent cette vaste famille.

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Les meilleurs hydrangéas pour nos jardins. C’est bien là l’essentiel du livre puisque ce dernier présente les anciens dont on apprécie toujours la floribondité et la résistance au temps et aux maladies. Et bien sûr les variétés nouvelles qui stimulent l’envie, la convoitise et le commerce en fin de compte. La présentation commence par les Hydrangea macrophylla espèce à laquelle l’hortensia classique appartient. Sur 150 pages, le monde des hydrangéas est passé en revue. Certes, cela peut faire tourner la tête. Mais leurs floraisons sont si puissantes, si riches, si durables qu’on leur pardonne et on part alors à leur rencontre le coeur léger.

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0ù voir des hydrangéas ? C’est le thème de la dernière page du livre. Thierry conclut ainsi : « Je vous recommande, si vous désirez parfaire vos connaissances sur les hortensias après la lecture de ce livre, d’aller visiter quelques lieux où vous pourrez admirer des collections en compagnie de personnes expérimentées. Et au risque de plaider pour ma chapelle je ne peux que conseiller de venir dans ma pépinière, rue de Nivelles, à Court-Saint-Etienne (GPS village de Faux) tél +32 479 263827. De début juin à fin octobre : entrée libre. En juillet et trois fois par semaine : visites didactiques gratuites. »
Autres jardins recommandés par Thierry de Ryckel :
www.berchigranges.com dans les Vosges
Association Shamrock à Varengeville-sur-Mer, Normandie
https://www.vasterival.fr   également à Varengeville-sur-Mer
Jardin du Petit-Bordeaux, Sarthe

https://www.editions-ulmer.fr/editions-ulmer/hortensias-et-hydrangeas-d-aujourd-hui-677-cl.htm
Thierry de Ryckel, à Court-Saint-Etienne, en Belgique   http://www.pepinieredelathyle.com

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ALLER À LA RENCONTRE DES GUNNERAS DE VAUVILLE

J’ai fait la connaissance du Château de Vauville durant l’été 1973, à l’invitation d’Eric Pellerin, grand-père de l’actuel Eric Pellerin, résidant et gestionnaire aujourd’hui . Une amie m’avait conseillé cette visite en précisant qu’un membre de sa famille s’amusait depuis une vingtaine d’années à planter des espèces exotiques dans les douves asséchées d’un château féodal en bord de mer sur le Pointe du Cotentin. Le reportage fait à cette occasion a été publié l’été suivant dans le numéro d’août de Mon Jardin & Ma Maison.

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Beaucoup de temps est passé depuis et l’oeuvre d’alors, imaginée et entretenue par son seul fondateur, a pris de l’ampleur. En visitant ce qu’on appelle désormais le « Jardin botanique de Vauville » le 14 mai dernier, j’ai été ébloui par son développement. Ce jardin est devenu un phare de la botanique de l’ouest de la France, par la quantité et la qualité des espèces rares ou immenses qu’on y rencontre. La plaquette d’information actualisée remise aux visiteurs résume l’histoire du lieu et explique les 22 parcelles à thème dénombrées. On termine par le bassin des gunnéras fait d’un nombre incalculable de cette espèce aux origines brésiliennes. En voici quelques extraits.

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« Initié par le parfumeur-voyageur Eric Pellerin et son épouse Nicole en 1948, agrandi et magnifié dès les années 1980 par Guillaume Pellerin et Cléophée de Turckheim puis repris en  2017 par Eric Pellerin et Guillaume de Lestrange, le remarquable Jardin botanique de Vauville s’étend sur près de 5 hectares. Planté à l’origine dans un simple champ à vaches, vous découvrirez dans cette oasis plus de 1000 espèces de l’hémisphère austral disséminées au sein de cette oeuvre végétale qui entoure le château de Vauville d’une ambiance subtropicale inédite et surprenante dans le nord Cotentin !

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« Lieu en perpétuelle évolution, aboutissement d’un travail assidu corrélé au savoir botanique de ses créateurs, ce Jardin du Voyageur abrite une collection d’arbres et d’arbustes à feuilles persistantes qui forment un jardin vivant tout au long de l’année. De nombreuses espèces asiatiques mais aussi méditerranéennes composent le parcours sous forme d’un jardin spontané luxuriant. Les végétaux les plus robustes ont été associés en masse pour former des haies brise-vent afin d’abriter les plantes les plus délicates. Malgré la violence et la persistance des vents d’ouest qui balaient la côte distante d’à peine 300 mètres, la dérive océanique Nord-Atlantique du Gulf-Stream tempère l’atmosphère, créant un climat favorable à l’acclimatation de plantes inhabituelles sous cette latitude.

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« Amaryllis, échium pininana, hémérocalles, callistemons, aloès ou hydrangéas épousent les formes naturelles du terrain tandis que l’eau courante de l’ancien ruisseau qui alimentait les champs s’écoule au gré des différents bassins où crinums, osmondes royales et plantes aquatiques s’épanouissent généreusement. La multiplicité des feuillages forme une palette d’une remarquable diversité passant de l’argenté au vert le plus profond. Les imposants cyprès de Lambert, les cordylines australes, trachycarpus, eucalyptus, escallonias et yuccas participent à l’impression de grandiose quand bambous, phormiums, fougères royales et gunnéras aux feuilles géantes accentuent le dépaysement de la visite.

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« Choyées par trois générations de passionnés, les plantes que vous allez découvrir évoluent naturellement, sans contraintes ni produits chimiques, dans un désordre poétique savamment ordonnancé. Succession de chambres de verdure, bénéficiant d’une orientation originale, tourné à 180 degrés sur la mer, le Jardin botanique de Vauville, en plus d’une collection scientifique reconnue, forme l’écrin original du Château de Vauville, joyau de l’architecture du Nord-Cotentin, dont la tour date du XIIème et les deux ailes de la seconde moitié du XVIIème siècle.

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« Le Jardin botanique de Vauville est inscrit à l’Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques depuis 1992 et classé Jardin Remarquable depuis 2004, membre depuis 2018 de BGCI (Botanic Gardens Conservation International), bientôt “Partner Garden” de la Royal Horticultural Society et parrainé depuis janvier 2019 par le Jardin des Plantes de Rouen afin d’être agréé “Jardin botanique de France”. »

https://www.jardin-vauville.fr
https://www.rhs.org.uk/Plants/8136/Gunnera-manicata/Details

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JARDINS D’ÉTRETAT : UNE DÉCOUVERTE ÉPOUSTOUFLANTE

Vendredi 17 mai dernier était jour de vernissage de l’exposition « Double Jeu » dans Les Jardins d’Étretat, site touristique célèbre de la côte d’Albâtre. Gens de la communication et du milieu artistique ont découvert à cette occasion les oeuvres d’art contemporain de 25 artistes sculpteurs réunis sur le thème de l’homme et la nature. Le lieu d’accueil n’était pas neutre, étant lui-même une création très récente où la conception traditionnelle du jardin a été bousculée par le paysagiste Alexander Grivko.

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Un point d’histoire. La terrasse principale des Jardins d’Etretat est située sur la fameuse falaise d’Amont. C’est là où Claude Monet venait souvent travailler sur sa série de toiles et de croquis intitulés « Les Falaises d’Étretat ». L’artiste disait que « des falaises comme ici, on n’en trouve nulle part ailleurs ». Inspirée par l’oeuvre impressionniste de Claude Monet, la comédienne française Madame Thébault décide d’y créer un jardin. En 1903, le premier arbre est planté. Et un jardinier de la région, Auguste Lecanu, aide l’actrice à transformer son rêve en réalité autour de la Villa Roxelane, du nom de l’épouse légendaire du sultan Soliman le Magnifique, son héroïne préférée.

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Un siècle plus tard, apparition d’un futur personnage de légende Alexander Grivko ! Dans un excellent article de Philippe Vigué-Desplace, publié dans « lefigaro.fr » en 2017, on apprend que Alexander Grivko a découvert Etretat à l’occasion de courtes vacances et qu’il en est tombé amoureux. Au point de vouloir acquérir la Villa Roxelane et ses 4000 m2 de terrain, de négocier auprès de la mairie l’achat de 3000 m2 supplémentaires et démarrer des travaux pharaoniques. Les chiffres sont dans la démesure car il faut construire des centaines de mètres de murets, importer près de 1000 tonnes de terre, tracer 2 kms de chemins en gravier et planter 100.000 arbustes persistants. Voir lien ci-dessous pour détails.

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L’amour d’Alexander pour les jardins lui vient de son grand-père, un attaché militaire qui aimait le jardinage et qui, à la retraite, s’est consacré à sa passion. Il structurait le terrain, sélectionnait les plantes et les entretenait. Quand les parents du jeune homme ont aménagé une maison de campagne, c’est Alexander qui en a pris les commandes. Il pouvait appliquer à son gré l’enseignement de son aïeul. Ses études le conduisent d’abord dans une école de designers floraux. Assez vite, il reçoit une commande pour faire un jardin, puis prolonge ses études dans l’architecture de jardin. Il effectue des stages chez les grands paysagistes du moment. Il se découvre dans la firme de Jacques Wirtz, près d’Anvers, une attirance pour l’art topiaire que l’artiste belge a poussé à un point incroyable. Grivko et ses projets ont reçu de nombreux prix et plusieurs distinctions. Pour le magazine AD (de Condé Nast), il fait partie des « 100 meilleurs architectes et designers ».

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L’oeuvre d’Alexander Grivko a pour particularité d’opérer une symbiose du style classique et des tendances contemporaines avant-gardistes dans le domaine de l’architecture et de l’art paysager. Sa passion consiste à créer des jardins publics expérimentaux. Il poursuit des recherches de nouvelles formes d’organisation de l’espace. La partie de son oeuvre d’Étretat qu’il a nommé « Le Jardin Émotions » a été inspirée par la première ferme ostréicole française de Marie-Antoinette qui se situait au pied des falaises d’Étretat. L’image des fonds marins en constitue l’inspiration principale. Les végétaux taillés rappellent le paysage du milieu de vie des huîtres. L’ensemble est complété par des sculptures de « visages-émotions » qui expriment la gamme des sentiments et qui symbolisent les différents états du monde sous-marin. Les sculptures sont l’oeuvre de Samuel Salcedo, de Barcelone, en Espagne. Elles sont la base permanente du jardin et ont été réalisées à partir d’un mélange de résine polyester et de poudre d’aluminum. L’artiste a capté et fixé les émotions comme l’attente d’un baiser, un mécontentement à peine visible sur les lèvres, la fatigue, la satisfaction, le douleur, le plaisir. Epoustouflant !!!

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Le jardin est ouvert au public tous les jours :
https://etretatgarden.fr
http://www.lefigaro.fr/jardin/2017/09/01/30008-20170901ARTFIG00034-entre-ciel-et-mer-l-incroyable-jardin-russe-d-etretat.php

Exposition jusqu’au 1er novembre pour les oeuvres des 25 artistes :
André Cyrille, Ataide Cristina, Bonneau Fabienne, Bazireau Chris, Bilyk Nazar, Bizot Béatrice, Chow Shuengit, Coudron Andrée, Desloubières Philippe, Dispenza Gianna, Grizi Paola, Jalbert Adrienne, Lavarenne Nicolas, De Pas Jean-Marc, MPCEM, Matgen Renaud, Namdakov Dashi, Papacek Karen, Pratley Hywel, Surovtseva Daria, Tadevosyan Gevorg, Valdelièvre Félix, Van Landeghem Erlend, Vernaujoux Ghislaine.

Une nouvelle exposition est prévue pour 2020.

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PROMENADE AÉRIENNE DANS LE CIEL D’ALSACE

« Vue du ciel, l’Alsace est encore plus belle ! » C’est ainsi que Gilles Pudlowski démarre son dernier livre « L’Alsace vue du Ciel » publié aux Editions Hervé Chopin. En la personne du photographe aérien Tristan Vuano, élevé au milieu des avions et qui vole désormais muni d’un appareil photo, le célèbre chroniqueur gastronomique a trouvé un complice de choix pour évoquer les charmes de l’Alsace, terre de régal autant en mets qu’en boissons. Nous avons au final un grand livre luxueux fait de plus de 150 pages de superbes photos accompagnées de poésie et références littéraires fort agréables à lire.

ALSACE VUE DU CIEL

Cette Alsace vue du ciel qui est guettée avec amour ne manque ni de diversité, ni de beauté, ni de belles surprises. On passe allègrement de la cité de Molsheim, par exemple, moderne et ancienne à la fois, au si poétique Grand Ballon photographié sous la neige. Puis on découvre tour à tour le Donon aux riches vestiges romains, le méconnu village vigneron de Rodern, au pied de la forteresse reconstruite du Haut-Koenigsbourg, la surprenante abbatiale baroque d’Ebersmunster comme un trésor autrichien au coeur du Ried, autant que les parages forestiers de la Petite-Pierre que chanta si bien René Char. Gilles Pudlowski se fait poète pour évoquer une montgolfière sur Blienschwiller, les tours magiques de l’Abbaye de Murbach, les ruines fortifiées d’une forteresse franco-suisse à Leymen, le ligne bleue du Rhin entr’aperçue au crépuscule, celle verte et grise des Vosges dans sa poésie végétale et naturelle. Il se plait à nommer par maints exemples cette Alsace qui se livre ici avec bonheur, romantique et attachante car uniformément belle.

On passe ainsi par la route des airs de villages en villages. Dans ses descriptions, notre guide évoque ses connaissances de routard de la gastronomie. Pour accompagner une magnifique photographie d’Epfig dans la brume, par exemple, il laisse parler sa flamme : Six bonnes raisons de visiter Epfig : découvrir André Ostertag, son vigneron star, le créateur et propagateur de la distinction entre les « vins de fruits » et les « vins de pierre », prendre place chez les Kirmann, dans une belle demeure à colombages, pour une joyeuse soirée « tartes flambées », faire un saut chez Corinne Conrad qui produit à l’enseigne « Foies gras du vignoble » des foies gras de canard et d’oie de qualité, voir la chapelle et son ossuaire, mais aussi l’église Saint-Georges bâtie en 1790 sur le site de l’ancien château, enfin, le sentier du vignoble et découvrir un panorama époustouflant sur toute la région. Gilles confie trois descriptions de sites à d’autres auteurs qui ont aimé l’Alsace. Les photos sont remarquables.

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Vol de cigogne sur Blieschwiller.
« J’ai toujours professé une haute estime et même une sorte de vénération pour le noble vin du Rhin ; il pétille comme le champagne, il réchauffe comme le bourgogne, il lénifie le gosier comme le bordeaux, il embrase l’imagination comme les liqueurs d’Espagne, il nous rend tendre comme le lacryma-christi ; enfin, par dessus tout, il fait rêver, il déroule à nos yeux le vaste champ de la fantaisie. » Erckmann-Chatrian, L’Illustre Docteur Mathéus, La Librairie Nouvelle, 1859.

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Le Grand Ballon sous la neige.
« Au hasard d’un voyage en Alsace, pays où je n’étais jamais allé et qui m’apparaissait aussi légendaire que la Courlande ou la Dalécarlie, je découvris au fond de la vallée de Munster, au pied même du Petit Ballon, le village dont je portais en moi l’image pour l’avoir vue en rêve ; je m’imaginais que j’allais y goûter une espèce de bonheur. Pareil au cavalier fourbu, mais content d’avoir fourni une longue étape, je me dis que j’étais arrivé, que j’étais enfin chez moi. » Marcel Schneider, La Lumière du Nord, Grasset. 1982.

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Le mont Sainte-Odile.
« Le mont Sainte-Odile est, avec la cathédrale de Strasbourg, le plus fameux monument du pays ; et, si l’on veut prendre en considération que son mystérieux ‘mur païen’ fut construit par une peuplade qui venait de bâtir Metz, on admettra que ce site fameux préside l’ensemble du territoire annexé. (…) Sainte-Odile est le vrai sommet d’où l’on peut sentir et comprendre avec amitié la continuité de l’Alsace et du pays messin. (…) Je m’enfonce dans ce paysage, je m’oblige à le comprendre, à le sentir : c’est pour mieux posséder mon âme. Ici je goûte mon plaisir et j’accomplirai mon devoir. C’est ici l’un de mes postes où nul ne peut me suppléer. A travers la grande forêt sombre, un chant vosgien se lève, mêlé d’Alsace et de Lorraine. Il renseigne la France sur les chances qu’elle a de durer. » Maurice Barrès, Au service de l’Allemagne, Plon, 1905.

http://www.hc-editions.com/livre/lalsace-vue-du-ciel/
http://www.gillespudlowski.com
http://avuedecoucou.com

PABLO PICASSO AUX INVALIDES JUSQU’AU 28 JUILLET

Les conflits armés ont ponctué l’existence de celui qui, Espagnol résidant en France de 1901 à son décès en 1973, n’a paradoxalement jamais participé activement à une guerre, ni même été soldat. Libéré de l’obligation de service militaire, l’artiste a vécu les conflits en tant que civil. Mais considéré comme un phare et célébré dès la Libération en artiste résistant et militant, ses prises de positions politiques lui confèrent un rôle inédit dans l’Histoire en cours. Cette exposition est organisée par le Musée de l’Armée, à l’Hôtel national des Invalides à Paris, et le Musée national Picasso-Paris, en partenariat avec le Musée de la Résistance national à Champigny-sur-Marne.

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Né en 1881 et mort en 1973, Pablo Picasso a été le contemporain de conflits majeurs. Sa relation avec la guerre est complexe. Les représentations de guerres sont très rares dans son oeuvre, et les prises de position publiques de l’artiste ponctuelles en regard de ses 92 années d’existence. Il a pourtant vécu deux guerres mondiales, la guerre d’Espagne, la guerre froide et les conflits liés à la décolonisation. Comment Picasso parvient-il à toucher ses contemporains par son oeuvre et ses moyens picturaux. L’une de ses oeuvres, Guernica,  est devenue l’icône universelle du pacifisme. La toile monumentale peinte dans les jours qui suivent le bombardement de la ville basque Guernica, le 26 avril 1937, scinde le siècle de Picasso en deux. Dans sa relation à la guerre, il y a un avant et un après Guernica.

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La Seconde Guerre mondiale constitue d’un moment de repli pour Picasso qui demeure « dans l’atelier ». Après l’invasion de la Pologne, la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre à l’Allemagne nazie le 3 septembre 1939. En août il retourne à Paris, dans son atelier des Grands-Augustins où il demeure pendant toute la durée de l’Occupation et se consacre à son art. Il multiplie les moyens d’expressions : de ses carnets aux fragiles sculptures, de ses écrits aux peintures, l’utilisation des couleurs sombres et les motifs des crânes et le thème de la mort font écho à cette période. L’atelier est toutefois un lieu de réunion pour ses proches et pour la communauté espagnole. Ainsi en 1944, lors de la Libération de Paris, ce sont des soldats américains qui se rendront dans l’atelier de Picasso comme en témoigne cette photographie de Robert Capa, faite le 1er septembre 1944.

FRANCE. Paris. September, 1944. Pablo PICASSO with US soldiers shortly after the liberation of the city.

Resté à Paris pendant l’Occupation, Picasso devient une célébrité à la Libération. Le 5 octobre 1944, le journal L’Humanité annonce son adhésion au Parti communiste français. Picasso répond aux sollicitations et commandes qu’il reçoit du Parti et des associations qui en sont proches. L’immédiat après-guerre  est marqué par le début des conflits liés à la décolonisation et, à partir de 1947, la guerre froide divise le monde en deux camps opposés. Le PCF suit la ligne de Moscou. Artistes et intellectuels communistes font de la paix leur thème de prédilection dans leur combat contre l’impérialisme américain. Mais Picasso occupe une place à part. Il met son image au service du Parti. C’est une personnalité au poids symbolique essentiel. Il conserve toutefois son style distinct du réalisme socialiste, ce qui lui vaut des critiques internes du mouvement. Ci-dessous, couverture de L’Humanité Dimanche du 27 décembre 1953 entièrement composée par Picasso.

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Massacre en Corée est un tableau de Picasso peint en 1951, dans le style expressionniste (femmes et enfants) et dans le style cubiste (soldats américains). Le tableau est conservé au musée Picasso de Paris. Il date de 1951, six mois après le début de la Guerre de Corée. Cette œuvre est inspirée du massacre du pont de No Gun Ri où 400 civils coréens furent assassinés en juillet 1950. C’est une reprise d’un tableau de Francisco de Goya, Tres de Mayo (conservé au musée du Prado de Madrid) qui présentait les troupes françaises de Napoléon 1er fusillant des civils en Espagne, sous les ordres de Joachim Murat, et aussi d’un tableau de Manet, L’Exécution de Maximilien. Dans ces années-là, Pablo Picasso s’affranchit des idées communistes. Cependant, cette œuvre est une œuvre engagée, rejoignant la propagande maoïste de l’époque selon laquelle la Guerre de Corée n’était rien d’autre que le massacre de ses habitants par les troupes américaines.
(Informations extraites de : https://fr.wikipedia.org/wiki/Massacre_en_Corée).

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https://www.musee-armee.fr/au-programme/expositions/detail/picasso-et-la-guerre.html