L’HOMME ET L’ANIMAL : DES SIÈCLES DE COMPARAISON

Bien avant Darwin, nos ancêtres étaient obsédés par les similarités et les différences visuelles entre les créatures vivantes avec lesquelles ils cohabitaient. Les premiers savants pressentaient sans doute déjà qu’un principe général unifiait toute les formes de vie. Les classifications qu’ils imaginèrent nous en disent souvent plus sur leurs arrière-pensées que sur le monde animal qu’ils s’efforçaient d’ordonner. Le biologiste David Bainbridge, vulgarisateur scientifique au département de médecine vétérinaire de l’Université de Cambridge déroule l’histoire de ces classifications, de l’Antiquité jusqu’à nos jours, dans « How Zoologists Organize Things, The Art of Classification » pour © Quarto Publishing PLC, UK, 2020. Edition française par Delachaux et Niestlé « La classification animale » sur une traduction de Denis Richard, en octobre 2020.

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Ce livre propose de dérouler l’histoire de ces classifications par étapes : le pittoresque et la religiosité de l’Antiquité et du Moyen-Age, les catalogues naturalistes du Siècle des Lumières, les arbres phylogéniques, les cartes du XIXème siècle et les classifications actuelles, véritables labyrinthes produits par l’informatique. Associant les regards artistiques aux découvertes scientifiques, les classifications nous dépeignent l’univers animal sous forme de paraboles, d’arbres, de labyrinthes, comme une terra incognita, voire comme un reflet de nous-mêmes.

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En première de couverture : Adolphe Millot (1857-1921), Le Nouveau Larousse illustré, 1898, vol.6, p.972. Poisson. Robarts Library, bibliothèque de l’université de Toronto, via Archive.org.

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Anonyme. Bien qu’il soit le plus ancien, le Bestiaire d’Aberdeen, vers 1200, est probablement le plus spectaculaire du genre bestiaire qui fit florès au Moyen Age, notamment en France, en Angleterre et en Ecosse. Une riche iconographie les rendait accessibles à la masse des illettrés. Il est probable que les lecteurs ne se posaient pas de question sur les créatures représentées. Ces animaux avaient un signifiant transcendant leur importance physique et leur existence réelle importait moins que ce qu’ils disaient de Dieu.

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Hartmann Schedel (1440-1515), Liber chronicarum (Chronique de Nuremberg), 1493. Création de l’homme et des animaux. Déroulant l’histoire de l’univers en sept âges (le septième étant le Jugement dernier), la Chronique de Nuremberg est l’un des plus anciens livres imprimés associant texte et iconographie. Le « Premier Age » offre une description étonnamment charmante de la classification biblique des animaux : poissons et oiseaux furent créés au cinquième jour, l’homme et les autres animaux au sixième.

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Jan Jonston (1603-1675), Historiae naturalis de quadripedibus libri, 1657. Licornes. Naturaliste et physicien d’origine écossaise né en Pologne, qui voyagea à travers l’Europe du Nord. Ses observations zoologiques firent autorité durant un siècle, en particulier son Histoire Naturelle des insectes, animaux marins « sans sang », poissons, baleines et oiseaux.

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John Gould (1804-1881), The Mammals of Australia (Les Mammifères d’Australie), 1845-1863. Le loup-marsupial (Thylacinus cynocephalus) est l’un des exemples les plus spectaculaires d’évolution convergente. C’est à dire l’apparition de caractères identiques chez des espèces distantes phylogénétiquement mais qui partagent une même niche écologique.

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Professeur à l’université d’Iéna, Ernst Haeckel (1834-1919) fut un ponte de la zoologie à son époque. Ci-dessus, page sur les Chauves-souris dans son Kunstformen der Natur, 1904. N’hésitant pas à pousser le concept plus loin que Darwin, il fonda sa propre version, radicale, du darwinisme.  Artiste à la base et fortement influencé par les romantiques allemands, il voyagea beaucoup, récoltant et peignant les spécimens qui devaient illustrer ses théories sur l’évolution et la sélection naturelle.

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https://www.delachauxetniestle.com/livre/la-classification-animale   24,90 euros

ci-dessus : Adolphe Millot (1857-1921),  Le Nouveau Larousse Illustré, 1898.
ci-dessous : Louis Renard (vers 1678-1746). Poissons, écrevisses et crabes, 1719. 2ème édition en 1754.

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LE CADEAU DE NOËL PAR EXCELLENCE

«  Oiseaux » est un luxueux ouvrage qui retrace l’histoire de l’art ornithologique à travers les âges depuis les premières images d’oiseaux stylisées de la Préhistoire et de l’Antiquité jusqu’aux peintures et illustrations de la période contemporaine. L’édition française présentée ici et qui date de novembre 2020 est une traduction de Delachaux et Niestlé faite à partir de « Birds. The Art of Ornithology », édition originale en anglais de Co & Bear Productions Ltd © 2004. Le copyright des illustrations appartient au National History Museum de Londres, © 2004. Le texte original de Jonathan Elphick a été traduit en français par Eric Wessberge. 336 pages, 265 x 280 mm, 39,90 euros. La qualité des reproductions et des informations proposées en fait un ouvrage de haute valeur qui le désigne comme cadeau de Noël par excellence.

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En s’appuyant sur une sélection iconographique empruntée aux plus grands noms de la peinture animalière, Jonathan Elphick présente des oeuvres exceptionnelles, d’une beauté saisissante, dont certaines n’avaient jamais été reproduites dans un livre destiné au grand public. Par le biais de la collection unique du National History Museum de Londres, il nous révèle en détail le cheminement de talentueux artistes naturalistes tels qu’Audubon, Gould, MacGillivray, Bauer ou encore Liljefors et Fuertes, vers la représentation fidèle des oiseaux des cinq continents. Jonathan Elphick, zoologiste de formation universitaire, poursuit depuis cinquante ans un travail d’écrivain, de journaliste et de conférencier spécialisé en ornithologie. Il est l’auteur de nombreux livres et d’articles de presse sur les oiseaux. Voici une sélection de photos, quelquefois recadrées, prélevées dans l’ouvrage avec les légendes correspondantes.

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Coq bankiva, Gallus gallus, par Giovanni da Udine, vers 1550. Cette peinture d’un coq haut en couleur provient d’un livre conservé au National History Museum : Raccolta di Ucelli (Recueil d’oiseaux). Les planches de ce livre sont les reproductions les plus anciennes du musée. Da Udine était un élève de Raphaël à Rome. Il a travaillé pour les Médicis à Florence. Et bien qu’il soit surtout connu pour ses illustrations de végétaux, il a aussi peint des oiseaux. Le Coq bankiva, répandu du nord de l’Inde à la Chine méridionale, est l’ancêtre de la poule domestique.

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Ibis rouge, Eudocimus ruber, par John James Audubon, en 1837. Le fait qu’Audubon ait inclus dans son livre « Oiseaux d’Amérique » ces Ibis rouges (adulte à gauche et immature à droite) est intéressant car il ne s’agit pas d’une espèce nord-américaine mais plutôt sud-américaine, familière des mangroves, des estuaires vaseux et autres habitats humides. Lorsque ces oiseaux vont et viennent de leurs reposoirs en groupes écarlates, ils forment un spectacle magnifique.

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Chardonneret élégant, Carduelis carduelis, par James Hope Stewart, vers 1825-1835. Le chardonneret multicolore est un de nos fringilles les plus séduisants. Le genre Carduelis englobe des granivores qui ont en général le bec plus conique. Le sien, en forme de pincette, reflète une adaptation parfaite au mode alimentaire à base de graines de cirses, comme le montre bien l’oeuvre de Stewart.

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Loddigésie admirable, Loddigesia mirabilis, par John Gould, vers 1849-1861. Les cinq volumes consacrés aux colibris que John Gould produisit à partir de 1849 comptent parmi les plus populaires de cet artiste entrepreneur dont l’oeuvre abondante a marqué durablement l’ornithologie britannique. Les minuscules et hyperactifs joyaux ailés que sont les colibris portent des noms de genre comme Brillant, Coquette, Saphir ou Emeraude. Le nom français de l’espèce représentée ici a été forgé d’après le patronyme de George Loddiges, un ami de Gould qui le fournissait en espèces rares.

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Faisan de Lady Amherst, Chrysolophus amherstiae, par Joseph Wolf, en 1872. Voici un magnifique faisan originaire de Chine et introduit en Angleterre, qui figure dans un des plus beaux livres comportant des planches lithographiées « A Monograph of the Phasianidae ». Le texte de ce livre publié à Londres en 1873 est de Daniel Giraud Elliot, ancien conservateur du département de zoologie au Field Museum de Chicago et cofondateur de l’American Ornithologist’s Union. Wolf, qui fut un des plus grands illustrateurs d’oiseaux de son époque, a réalisé quatre-vingt une planches pour cet ouvrage financé par Elliot grâce à sa fortune personnelle.

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Jardinier du Prince d’Orange, Sericulus aureus, par John Gould, vers 1875-1888. Le livre de Gould sur les oiseaux de Nouvelle-Guinée, « Birds of New Guinea », comprend de nombreuses planches de toute beauté, notamment celles des jardiniers, ainsi nommés parce que le mâle au plumage flamboyant confectionne un berceau de brindilles pour attirer la femelle.

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Grande Outarde et Outarde canepetière, Otis tarda et Tetrax tetrax, par John Gerrard Keulemans, vers 1862-1912. Simplement intitulée Bustards (Outardes), cette grande peinture montre les deux espèces d’outardes nicheuses en Europe, dans un superbe paysage semi-aride tel qu’on peut en imaginer en Espagne où les deux oiseaux sont assez communs. Sur cette composition, on distingue également deux combattants variés mâles et un tout petit rougegorge familier en bas à gauche.

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Ci-dessus : Martin-pêcheur d’Europe, Alcedo atthis, par Charles F. Tunnicliffe, en 1973.
Ci-dessous : Macareux moine, Fratercula arctica, par Henrik Grönvold, en 1926.

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LE LAROUSSE DES OISEAUX DE FRANCE ET D’EUROPE

Nouvelle édition du guide d’identification des oiseaux par la photo le plus complet jamais publié ! C’est l’ouvrage remanié et complété qu’il faut offrir aux amis se piquant d’être de bons connaisseurs d’oiseaux. Les membres de la LPO, Ligue pour la Protection des Oiseaux partenaire avec Larousse dans cette édition, sont principalement concernés puisqu’ils accueillent à l’année grands et petits êtres à plumes. Des milliers de photos et de dessins ont été choisis ou commandés pour leur offrir toutes les clés nécessaires à la reconnaissance. Dont une clé auditive avec un CD permettant d’écouter plus de 100 chants d’oiseaux : cris et chants en vol ou immobile, cris d’alarme.

https://www.editions-larousse.fr/livre/oiseaux-de-france-et-deurope-9782035983886   29,95 euros.

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Agir pour la biodiversité, voici une raison d’exister de la LPO, association reconnue d’utilité publique créée en 1912 pour protéger les oiseaux et leurs milieux naturels. La LPO agit au quotidien en faveur de la nature et réalise de multiples actions de sauvegarde d’espèces et de sites naturels en France et à l’étranger, en acquérant et en gérant des espaces fragiles, en surveillant et en protégeant les oiseaux menacés… Par sa situation géographique, notre pays, carrefour entre Europe et Afrique, accueille des millions d’oiseaux migrateurs qui offrent de fabuleux spectacles : macareux en Bretagne, vautours dans les Cévennes, aigles royaux dans les Alpes, cigognes dans les marais atlantiques. Par de multiples initiatives, la LPO reçoit chaque année plus de 300.000 personnes sur ses sites. A l’île de Ré, sur les bords du Rhin et de la Loire, dans les Pyrénées, sur les monts d’Auvergne, en Camargue… elle permet de saisir l’extraordinaire richesse mais aussi la fragilité de la nature.

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Parcs et jardins. Les oiseaux des jardins apprécient les massifs d’arbustes et les grandes haies où ils peuvent s’alimenter et s’abriter. Ils se nourrissent sur les pelouses (merle, grive musicienne, étourneau), sur une plate-bande retournée de frais (merle, rougegorge, accenteur), dans les buissons (troglodyte, verdier, bouvreuil), ou au sol sous un buisson (pinson, merle). Certains viennent aux mangeoires (verdier, mésange, moineau), vous permettant par là même de les admirer sans quitter votre fauteuil. Les mares attirent les oiseaux venus boire ou se baigner et parfois même des raretés comme héron ou martin-pêcheur.

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Cygne tuberculé. Grand oiseau connu de tous, blanc pur et repérable de très loin, le cygne tuberculé est normalement très confiant, voire même semi-apprivoisé. Les couples sont agressifs envers les intrus, recourant à d’impressionnantes parades, ailes écartées, avec des sifflements. Dans certaines zones inondées, de petits groupes se nourrissent à terre, une habitude plus en rapport avec celles des espèces « sauvages », cygne chanteur et cygne de Bewick. Il se nourrit de végétaux dans les près (herbes rases) et aussi dans les marais. Le vol est lourd et puissant, direct, cou tendu, battements énergiques et réguliers produisant un vrombissement.

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Perdrix grise. Ce petit gallinacé est typique des campagnes cultivées mêlant prairies, champs et haies. Les grandes étendues de céréales lui conviennent moins. Les soirs d’été, ses cris territoriaux attirent l’attention là où elle parvient à se maintenir face aux nouvelles techniques agricoles. La perdrix grise se déplace discrètement dans la végétation basse, levant parfois la tête pour regarder autour d’elle. Les groupes familiaux forment des compagnies qui s’envolent bruyamment en cas de danger. Alimentation à base de graines, feuilles, pousses trouvées au sol. Insectes pour les poussins. Cri mécanique, rauque et grinçant, parfois répété.

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Héron cendré. Qu’il se déplace lentement ou se tienne figé au bord d’un étang ou d’un cours d’eau, ce grand héron gris pâle ne passe pas inaperçu. Soit il semble grand et mince avec son long cou dressé, soit il se tient vouté, tête et cou rentrés dans les épaules. Il peut aussi être perché haut dans un arbre ou voler avec une aisance surprenante. D’ordinaire farouche, il peut également se montrer très confiant en ville. Il arrive qu’il vienne pêcher, tôt le matin, dans les bassins des jardins. Alimentation : poissons, batraciens, rongeurs, le plus souvent capturés après un affût patient suivi d’une brusque détente du cou.

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Bécassine des marais. La bécassine des marais a besoin de terrains détrempés et de boue bien molle, de façon à pouvoir enfoncer son long bec, mince et tactile, en quête de vers. En hiver, privée de sol mou par le gel, elle doit fuir au plus vite vers des secteurs épargnés. Drainage et utilisation intensive des sols raréfient l’eau de surface, si bien que notre bécassine et son étonnante parade nuptiale ont disparu de nombreuses régions. On la rencontre encore dans les marais et au bord des étangs. En parade, son vol haut et onduleux est suivi d’un piqué spectaculaire, queue déployée.

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« LES MALHEURS DE SOPHIE » AGRÉMENTÉS D’UNE DÉLICIEUSE ILLUSTRATION

Depuis sa première publication en 1858, Les Malheurs de Sophie, roman pour enfants écrit par la comtesse de Ségur et publié chez Hachette avec des dessins d’Horace Castelli a été republié à de nombreuses occasions. On doit sa dernière version aux Editions Hervé Chopin -décembre 2020- et c’est un plaisir de lire ce texte incontournable plein des charmes de l’enfance, ici repris dans son intégralité et superbement agrémenté par les illustrations de Fabienne Delacroix. Relié sous jaquette et muni d’une solide couverture, voici ue livre qui pourra être manipulé sans grand risque. La composition des textes très aérée permet une lecture facile pour enfant dès le plus jeune âge, avec où sans l’aide des parents.

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« Voici des histoires vraies d’une petite fille que sa grand-mère a beaucoup connue dans son enfance. Elle était colère, elle est devenue douce. Elle était gourmande, elle est devenue sobre. Elle était menteuse, elle est devenue sincère. Elle était voleuse, elle est devenue honnête. Enfin, elle était méchante, elle est devenue bonne ». La comtesse de Ségur, née Rostopchine, présentait ainsi Les Malheurs de Sophie à sa petite fille avec qui elle aimait tant partager ses histoires. Quant à l’académicien Jean Dutourd, voici ce qu’il en disait en 1994 : « La comtesse de Ségur est le Balzac de la jeunesse. Elle a composé la Comédie enfantine en vingt volumes, qui sont tous des chefs-d’oeuvre. Comme Balzac, elle écrit à la lumière des deux flambeaux que sont la religion et la monarchie ».

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Le poulet noir. Sophie allait tous les matins avec sa maman dans la basse-cour, où il y avait des poules de différentes espèces et très belles. Mme de Réan avait fait couver des oeufs desquels devaient sortir des poules huppées superbes. Tous les jours, elle allait voir avec Sophie si les poulets étaient sortis de leur oeuf. Sophie emportait dans un petit panier du pain qu’elle émiettait aux poules. Aussitôt qu’elle arrivait toutes les poules, tous les coqs accouraient, sautaient autour d’elle, becquetaient le pain presque dans ses mains …..

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Le pain des chevaux. Sophie était gourmande. Sa maman savait que trop manger est mauvais pour la santé. Aussi défendait-elle à Sophie de manger entre les repas. Mais Sophie qui avait faim mangeait tout ce qu’elle pouvait attraper.  Mme de Réan allait tous les jours, après déjeuner, vers deux heures, donner du pain et du sel aux chevaux de M. de Réan. Il y en avait plus de cent. Sophie suivait sa maman avec un panier plein de pain bis, et lui en présentait un dans chaque stalle où elle entrait, mais sa maman lui défendait sévèrement d’en manger parce que …..

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Elisabeth. Sophie était assise un jour dans son petit fauteuil. Elle ne faisait rien et elle pensait. « A quoi penses-tu lui demanda sa maman ? Je pense à Elisabeth Chéneau, maman. Et à propos de quoi penses-tu à elle ? C’est que j’ai remarqué hier qu’elle avait une grande écorchure au bras et, quand je lui ai demandé comment elle s’était écorchée, elle a caché son bras et m’a dit tout bas : Tais-toi c’est pour me punir. Je cherche à comprendre ce qu’elle a voulu me dire. Je vais t’expliquer, si tu veux, car moi aussi j’ai remarqué cette écorchure et sa maman m’a raconté comment ….. ».

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Les fruits confits. Sophie rentrait de la promenade avec son cousin Paul. Dans le vestibule attendait un homme qui semblait être un conducteur de diligence et qui tenait un paquet sous le bras. « Qu’attendez-vous, monsieur, lui dit Paul très poliment. J’attends Mme de Réan, monsieur, j’ai un paquet à lui remettre. De la part de qui ? dit Sophie. Je ne sais pas, mademoiselle, j’arrive de la diligence. Le paquet vient de Paris. Mais qu’est-ce qu’il y a dans le paquet ? Je pense que ce sont des fruits confits et des pâtes d’abricot. Du moins c’est comme cela qu’ils sont inscrits sur le livre ….. ».

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La boîte à ouvrage. Quand Sophie voyait quelque chose qui lui faisait envie, elle le demandait. Si sa maman le lui refusait, elle redemandait et redemandait jusqu’à ce que sa maman, ennuyée, la renvoyât dans sa chambre. Alors, au lieu de n’y plus penser, elle y pensait toujours et répétait : « Comment faire pour avoir ce que je veux ? J’en ai si envie ! Il faut que je tâche de l’avoir ». Bien souvent, en tâchant de l’avoir, elle se faisait punir. Mais elle ne se corrigeait pas. Un jour sa maman l’appela pour lui montrer une charmante boîte à ouvrage que M. de Réan venait d’envoyer de Paris ….. ».

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https://www.hc-editions.com/livres/les-malheurs-de-sophie/   14,50 euros

Illustrateur : Fabienne Delacroix
Format : 17 x 24 cm
Façonnage : Relié sous jaquette
Pagination : 216 pages
Date de parution : 10/12/2020

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LE POTAGER D’UN FRIMEUR DE XAVIER MATHIAS

Dans les temps anciens, le potager était nécessité. Avec les années 2000, il est devenu loisir et porteur de belles valeurs que les sociologues nomment « quête de sens », « rêve d’autarcie » ou « remède à l’éco-anxiété » comme aime à le rappeler François-Régis Gaudry dans la préface du dernier livre de Xavier Mathias aux Editions Terre Vivante. Xavier Mathias, vous connaissez ? Sa voix suave, on l’entend beaucoup à la radio, sa plume alerte signe tant de billets dans la presse et il donne tant d’interviews qu’on a le sentiment que Xavier ne dort jamais. Et pourtant ! En plus de cette énergie dépensée en maints lieux, il a encore le temps de produire des légumes inoubliables, autant par leur diversité que par leur qualité. Mais en fait, ce qu’il aime par dessus-tout, c’est communiquer pour transmettre sa connaissance immense du végétal et l’art de vivre sainement.

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Pour pénétrer dans l’intimité culturelle de Xavier Mathias, il faut le laisser parler. D’où la carte blanche de son éditrice à Terre Vivante, Brigitte Michaud, pour expliquer sa découverte des légumes. « Un beau jour, dans une banale cantine, nous prenons conscience que les frites sont paradoxalement faites avec des légumes : les pommes de terre. Ce fut un bon début et ce fut le mien. Avant l’immense plaisir que me fit le potager au sortir de l’adolescence, le constat chez moi était alarmant : aucune attirance pour de brillantes études, pas d’attrait particulier pour les voyages ou les exploits sportifs, aucun intérêt non plus pour les voitures ou les montres… on peut dire que j’étais mal parti. Heureusement, flottait encore dans l’air le parfum de friture de mes années d’incarcération au collège. C’est alors que, guidé par la faim et une tenace envie d’autonomie, je me décidai à aller regarder de plus près de quoi il en retournait exactement avec ces pommes de terre, qu’enfin je me résolus à cultiver. Comme ça, juste pour voir. »

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« Quelle heureuse rencontre avec ces belles allongées qui ne nous révèlent leur trésor souterrain qu’après de longs mois d’attente. Au patient jardinier alors, ces chairs fermes ou tendres, pâles ou colorées, opulentes, généreuses ou ne s’offrant que comme à regret, pudiquement dissimulées sous une tunique maculée de terre ou de paille. Pouvais-je aussi deviner ce cortège infini qui les accompagnait, mes belles Solananées ? Comment m’attendre, moi qui n’était conduit que par des souvenirs de satiété et du mélange moutarde/ketchup, à ce qu’en leur compagnie je découvre émerveillé poires de terre (Polymnia edulis), cerises de terre (Physalis pubescens), châtaignes de terre (Bunium bulbocastanum) et amandes de terre (Cyprus esculentus) ?
Pouvais-je prévoir qu’à partir de ce morne souvenir de réfectoire trop bruyant, où l’on distribuait une nourriture trop grasse, tout un monde allait s’offrir à moi ? tout cela sous un peu de terre. »

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Xavier rappelle un peu plus loin qu’il se souvient à ses débuts, à l’occasion d’une foire aux plantes rares, d’un monsieur qui l’avait interpellé, un brin moqueur, pour lui faire remarquer qu’il y avait tout de même un peu de frime dans tous ces légumes si inhabituels. Plus de vingt années ont passé depuis ces mots et Xavier continue à faire le malin, surprendre, provoquer un sourire, attirer l’attention d’un enfant, d’une grand-mère ou d’une belle jardinière avec cet invraisemblable potager. Chaque plante est un don qui nous est fait et il avoue s’en émerveiller, encore et toujours. Alors, frime-t-il vraiment avec tant de connaissances accumulées ? sur les marchés, dans les écoles, devant les micros ? Sans doute un peu, mais c’est pour votre plaisir qu’il nous invite à découvrir « Le potager d’un frimeur »  :  https://boutique.terrevivante.org/librairie/livres/4476/sans-collection/1623-le-potager-d-un-frimeur.htm

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Viennent ensuite sur une trentaine de pages, les mots et les techniques de Xavier pour cultiver selon les valeurs essentielles qu’il a mises en place au fil de sa carrière. La qualité de la terre : comment l’améliorer et l’enrichir au fil du temps, la rendre vivante et riche en micro-organismes et cesser de lui nuire avec le labour et le bêchage à l’ancienne. Sur ce point, les jardiniers de fraîche date seront plus faciles à convaincre que les anciens qui ont toujours fait sur ce modèle. Il évoque alors les techniques récentes de la permaculture très prometteuse à ses débuts à condition de bien la pratiquer, du compostage qui permet là encore si l’on s’y prend bien de transformer en azote et carbone une quantité incroyable de matières végétales comme les déchets de tontes et de cuisines, les mauvaises herbes, les feuilles mortes, les pailles de lin et de céréales, les branchettes fines produites par la taille des arbustes. A bien y réfléchir, il conclut que « ce qui est issu du jardin et qu’on prendrait pour un déchet est en fait une ressource que nous n’avons pas encore identifiée. »

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Après avoir décliné ses bonnes recettes de culture et diffusé sans réserve une quantité incroyable de jeux de mots pour tenter de rendre sa science agronomique à la portée de tous, Xavier Mathias déroule son catalogue de plantes qui vont intriguer le néophyte. « Dans mon jardin, dit-il, les sauges peuvent sentir le cassis ou l’ananas, les menthes avoir des parfums de banane qui aurait traîné dans un cartable ou de chewing-gum à la chlorophylle, voire de rien du tout. Par ici, la mertensia se prend franchement pour une huître, tandis qu’un peu plus loin Paederia lanuginosa a d’incontestables relents de camembert qui pue. Là, il y a même un melon qui s’est déguisé en concombre. Et oui, sous leurs dehors de bonnes filles, les plantes potagères adorent jouer des tours. Toutes ces petites incongruités nous rappellent en permanence de ne pas être trop sûrs de nous quand nous visitons un potager. Dame Nature a plus d’un tour dans son sac.

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https://boutique.terrevivante.org/librairie/livres/4476/sans-collection/1623-le-potager-d-un-frimeur.htm   25 euros